Vestibule

Série en cours de 18 dessins et 41 impressions typographiques liés à l'écrit.

“Je suis", dessin, graphite sur BFK Rives, 25x32,5 cm, 2019, photo © David Kidman
“Je suis", dessin, graphite sur BFK Rives, 25x32,5 cm, 2019, photo © David Kidman

La série Vestibule implique un processus d'écriture à la main, ou de composition minutieuse à l'aide de caractères typographiques de petite taille (Univers light corps 6 ou 8).

 

Par l'acte d'écrire, les mots laissent leur trace sur le papier, les lignes se superposent et s'inscrivent dans le corps du papier, au présent, comme acte de résistance ou de mémoire. Citations, listes de noms, écrits personnels, les phrases sont reprises dans une litanie incantatoire, qui, formant un bloc par la répétition, rend l'ensemble du texte illisible.

C'est la dialectique entre l'œuvre et son cartel qui va dévoiler le contenu du bloc : par le titre qui reprend le texte de l'œuvre.
Dans un rapport de la métonymie à l'absurde en passant par le paradoxe, œuvre écrite et cartel prennent des détours pour rendre manifeste une réalité difficilement saisissable : l'évaporation des femmes dans le monde.

Interrogeant le Féminin, Vestibule rend visible son effacement. La série évoque en creux l'androgynie de la pensée et son corrélat, l'effacement du Féminin dans un fatras culturel ou sociétal d'exacerbation des stéréotypes de genre.

“Je suis", détail, dessin, graphite sur BFK Rives, 25x32,5 cm, 2019, photo © David Kidman
“Je suis", détail, dessin, graphite sur BFK Rives, 25x32,5 cm, 2019, photo © David Kidman

Premier dessin de la série, Je suis est un bloc carré gris foncé aux contours irréguliers, d'où dépassent des boucles de lettre, au centre d'un espace blanc de papier velouté. Les lignes manuscrites montent légèrement vers la droite et dessinent un motif dans des gris enchevêtrés. Par son rythme, le tracé montre la répétition de signes graphiques identiques, que le cartel explicite en livrant le titre.

 

Avant d'être celui du regardeur, ce Je suis est celui de l'artiste, qui, avec force ou légèreté pose ce constat d'existence comme moyen de se persuader et d'interroger la conscience de sa présence. Initiant la série, le Je suis pourrait être l'Ève qui, recueillie dans l'antichambre, se chauffe au feu de la déesse Vesta. Vestibule de l'oreille ou vestibule du vagin, le Féminin attaché au Je suis est coincé dans cette cavité, cette zone sourde et aveugle de la conscience, en attente.

Emmanuelle Bec, artiste, Nantes, dessins, dessin, gravure, estampes, lithographie, typographie, graphite,

Marina Abramovicć Eija-Liisa Ahtila Ghada Amer Laurie Anderson Janine Antoni Vanessa Beecroft Cosima von Bonin Louise Bourgeois Angela Bulloch Sophie Calle Judy Chicago Lygia Clark Hanne Darboven Sonia Delaunay Rineke Dijkstra Marlene Dumas Maria Eichhorn Tracey Emin Valie Export Sylvie Fleury Katharina Fristch Ellen Gallagher Isa Genzken Nan Goldin Natalia Goncharova Renée Green Asta Gröting Guerrilla Girls Mona Hatoum Barbara Hepworth Lynn Herschmann Eva Hesse Hannah Höch Candida Höfer Christine & Irene Hohenbüchler Nancy Holt Jenny Holzer Rebecca Horn Magdalena Jetelová Frida Kahlo Toba Khedoori Karen Kilimnick Astrid Klein Lee Krasner Barbara Kruger Elke Krystufek Marie-Jo Lafontaine Louise Lawler Tamara de Lempicka Zoe Leonard Sherrie Levine Sharon Lockhart Sarah Lucas Agnes Martin Ana Mendieta Natacha Merritt Annette Messager Tracey Moffatt Mariko Mori Sarah Morris Shirin Neshat Louise Nevelson Cady Noland Georgia O'Keeffe Yoko Ono Meret Oppenheim Orlan Laura Owens Gina Pane Elizabeth Peyton Adrian Piper Germaine Richier Bridget Riley Pipilotti Rist Martha Rosler Susan Rothenberg Niki de Saint-Phalle Julia Scher Carolee Schneemann Elaine Sturtevant Sam Taylor-Wood Rosemarie Trockel Adriana Varejão Kara Walker Gillian Wearing Pae White Rachel Whiteread Hannah Wilke Jane & Louise Wilson Andrea Zittel, dessin, porte-mine sur papier BFK Rives, 25 x 32,5 cm, 2019, photo © David Kidman

Persistant dans le même processus d'écriture, l'œuvre Marina, etc. déclame par son cartel une liste° non exhaustive et alphabétique de femmes artistes plasticiennes célèbres.

Ainsi elle ancre le Féminin dans une lignée pour rendre hommage à ses aînées invisibles, ou évaporées, de l'Histoire. Dans le déploiement de la série Vestibule, Je suis et Marina, etc. seront reprises en typographie. Par son procédé même, cette technique produira une empreinte des noms dans le papier, encré ou non, cherchant l'effacement dans l'encrage bruyant ou avec le foulage témoignant de l'invisibilité dans le blanc du papier.

 

° (Source : Women Artists. Femmes Artistes du XXe et XXIe siècle , ed. Uta Grosenick, Taschen)