Ce qui est caché de l'œil

série de 90 épreuves de gravure taille-douce monochromes, débutée en 2018 ayant pour vocation de ne pas prendre fin avant l'épuisement du métal. [en cours]

"Ce qui est caché de l'œil [24S.2/4]", Gravure taille-douce, 12,5x16,5 cm, pointe sèche sur zinc, 2018
"Ce qui est caché de l'œil [24S.2/4]", Gravure taille-douce, 12,5x16,5 cm, pointe sèche sur zinc, 2018
"Ce qui est caché de l'œil", animation GIF
"Ce qui est caché de l'œil", animation GIF

Dans la continuité de la série de dessins HOME2 , le processus de création lié à Ce qui est caché de l’œil s’incarne dans la matière.

Pointe sèche, brunissoir et autres outils détournés de leur utilisation première marquent la plaque de métal de 6x9 cm initialement polie comme un miroir.

La plaque est sans cesse reprise, dans ses perfections et dans ses imperfections, travaillée à la mesure de l’ici et maintenant par des ajouts ou des effacements. Depuis le début de la série, elle se métamorphose imperceptiblement, révélant des images d’un “monde flottant“, l’Ukiyo-e, auquel Ce qui est caché de l’œil s’apparente et se relie sans dessein préétabli.



Tirage après tirage, la matière se modifie d'elle-même. Le métal, zinc ou cuivre, subit des altérations au fur et à mesure des passages sous la presse. Les tailles s'écrasent, les surfaces tendent à disparaître naturellement, quand elles ne sont pas activement effacés par le geste du brunissoir qui polit la zone et aplatit les creux. La pointe sèche reprend alors le fil du dessin pour réveiller la surface.

 

Paysages mouvants en transparence d'une lutte contre la finitude, la série porte l'idée d'impermanence d'un temps vécu au présent qui se renouvelle sans cesse.

Elle résiste et s'oppose au principe d'achèvement de la gravure qui détermine dans ses conventions un nombre d'exemplaires à l'avance pour la numérotation des épreuves.

 

La série prendra fin quand le métal cèdera.


« Vivre seulement pour l’instant, contempler la lune, la neige, les cerisiers en fleurs et les feuilles des érables rougeoyants, aimer le vin, les femmes et les chansons, ne pas se soucier de la pauvreté, se laisser porter par le courant de la vie comme la gourde flotte au fil de l’eau, c’est cela que j’appelle ukiyo ».

 

Asai Ryôi (1661)